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Elodie Maire est artiste-céramiste

Elle vit et travaille en France. Dans la Drôme, à Dieulefit .

Diplômée de la faculté de lettres de Montpellier et de l’École Nationale Supérieure des Arts Décoratifs de Paris, elle étudie l'image et la scénographie en s'intéressant particulièrement aux espaces publics à travers un travail d'observation et d'analyse des bancs publics, vu comme espace scénique. Elle en étudie la mise en scène naturelle, les acteurs du quotidien et le cadrage. L'écriture oulipienne et la vision des villes d'Italo Calvino lui inspire une scénographie mêlant cirque et supermarché. 

Avec les membres du collectif de scénographes urbains Ici Même, à Montreuil, elle questionne notre rapport à la ville par des installations éphémères parfois habitées, qui la mèneront à Marseille. Elle se forme également à la marionnette en Inde et se tourne vers l'enseignement.

 

Revenue vers ses racines drômoise elle apprend le travail

de la terre à Aubagne et à la Maison de la céramique du pays de Dieulefit.

Surprise par l'infini des possibles offert par la terre, elle se lance dans l'exploration des techniques et des cuissons. Avec différentes terres, elle crée des statuettes, principalement féminines qui interrogent la lecture d'un corps. Jouant avec le sacré et le profane, elle arpente la frise temporelle et spatiale de l'humanité pour exprimer à travers de petites formes, la force, la fragilité et la poésie nécessaires l'espèce humaine.

Ses collections : les Déesses de poche, les Femmes-pensées, les Maculées, les Éphémères, les Chercheuses d'horizons, les Volcaniques ...

A la marge, les Conte-doigts et les Paysages-cartes postales.

A propos de

Les idoles d’Élodie Maire,
discussion avec Caroline Gally

 

 

 

Et l’eau dit : Mer


Une idée fondatrice, archéologique
Quelque chose à extraire, à aller chercher

comme à Pompéi
Enfouie dans la terre, surgie de fouille.


Archéologie et psychanalyse.
Part d’ombre cachée à soi-même

est question de la part manquante
De quelque chose d’archaïque, de primitif, de paradoxal
Qui échappe.

 

Surgie juste de terre
Comme l’enfant sorti de sa mère
Tout entouré du liquide protecteur.


On saisit des morceaux, des morceaux de soi
Petit à petit, sans appréhender la totalité de la réalité,
Sans rétablir la vérité du monde,
Cette vérité de l’histoire, la totalité de l’Histoire.


Des statuettes,

Pour chercher son centre.


La fusion avec la mère, l’eau, le monde organisé
Les volcans, les grottes, l’origine de la terre.

Comment traduire le sensible
par la matière

par Claudie Vignon

 

 

 

Chaque Déesse d’Élodie Maire nous livre son intimité

et nous parle de nous.

De nos corps vivants, mouvants, mutants, vieillissants,

étroitement liés au tissu du monde et de l’être.

Comme une peau évanescente, une interface diaphane,

le travail de l’émail laisse des fragments de corps reconnaissables,

des indices d’un corps à imaginer dans un volume anthropomorphe,

écho de notre être, miroir de l’homme

dont les pensées furtives s’évaporent

ou se muent dans d’indicibles formes.

C’est la rencontre avec la réalité terrestre ;

si matérielles et normées que les formes

peuvent parfois s’étouffer dans des modèles figés.

Cela parle aussi d’une réalité du concret et du divin,

une réalité commune,

partagée avec nos ancêtres dont les premiers réflexes artistiques

ont été de transposer à son image, des corps de femmes

dans cette matière première, immuable, primaire : la terre.

Tantôt brute, rude ou rêche,

tantôt douce, aqueuse, ruisselante, ou lisse,

cette terre ne révèle pas tout du premier coup,

il faut deviner, recomposer ce qu’on connaît,

c’est la disparition du modèle qui génère notre éveil aux formes,

on s’accroche à ce qu’on croit reconnaître pour les faire naître, ou n’être,

puisque, de ces formes organiques viennent nos origines,

celui d’un monde intra-utérin, d’un dedans ou d’un dehors,

et qui nous renvoie au trouble du vivant.

Au seuil de la figuration, des êtres mouvants.

Apricaleloideide
Par Marco Cassini

 

 

 

   Environ deux mois se sont écoulés et le souvenir est devenu vague

au point que je ne peux même pas dire s'il s'agissait d'un rêve

ou si cela s'est réellement produit.

Je suis né à Apricale, un village dans l'arrière-pays, à l'extrême ouest

de la Ligurie et là j'ai passé mon enfance et les trente premières années

de ma vie. À présent, je passe une vie de retraité tranquille à Gênes

en essayant de me consacrer à mes passions. De temps en temps,

je retourne au village pour rendre visite à des parents et amis du passé.

Mes rêves nocturnes génois se déroulent souvent à Apricale et sont

vécus intensément, et c'est la raison de mon incipit.

   J'ai rencontré Elodie Maire un après-midi sur la place. Une présence inhabituelle m'a surprise ; je me suis demandé qui elle était, ce qu'elle faisait là-bas, d'où elle venait. J'ai tout de suite compris qu'elle n'était pas une touriste et effectivement elle me fut présentée comme une "artiste", d'accord, mais j'avais aussi le sentiment qu'elle était plus, et plus encore.

    Elle avait emporté avec elle ses céramiques, de petits totems de la hauteur d’une main qui me faisaient penser à la fois aux divinités préhistoriques

et aux figurines d'une crèche séculière et peut-être féministe.

(plus Lucio Fontana qu'Alberto Giacometti).

Une personnalité de mannequins hautains (peut-être étaient-ce elles les touristes, amenées pour changer d'air, faire de nouvelles expériences, rencontrer d'autres femmes et d'autres lieux).

Elodie m'a parlé de la nature, du culte de l'eau, de ses intérêts anthropologiques tournés vers le rôle des femmes.

Elle était très intéressée par le pays et a posé de nombreuses questions.

J'ai entrepris de lui apporter des réponses en tant qu'historien local, émerveillé par l'intérêt qu'elle ressentait pour les traditions, l'agriculture, la rivière appelée Merdanzo (due dans le passé, à la macération du chanvre textile et au grand nombre de moulins à huile d'olives qui y déversaient

leurs résidus de traitement).

   Moi qui ne suis pas critique d'art, je n'ai pu que constater : Elodie puise

son inspiration dans tout ce qu'elle vit, et pour elle tout est vie.

Un trident rouillé, une pierre, un morceau de plastique, un bout de bois,

un jouet cassé, un champignon séché : elle parvient à convaincre tout cela

de converser avec ses sculptures en terre cuite.

   En Apricale, elle a trouvé l'univers du Baron Perché d'Italo Calvino (Merdanzo est la seule citation géographique non inventée contenue dans le texte) et a été étonnée et émerveillée de produire beaucoup, avec originalité et enthousiasme. Arrivée comme une tempête estivale qui rafraîchit

et dynamise la campagne, elle a impliqué la ville en augmentant le nombre d'habitants avec ses figurines apparemment taciturnes et réfléchies.

 

Elodie/naiade, nymphe aquatique, et ses œuvres racontent, à ceux qui savent écouter: les paniers de fleurs, es ballots de fourrage, les nuages ​​de pluie, les chansons populaires, les poissons et les anguilles du ruisseau (parfois sec, d’autre fois impétueux), les ancêtres et les amours difficiles.

   Autre fait singulier: Maire en dialecte apricalese signifie «mère» mais était utilisé pour désigner la «grand-mère», surtout lorsqu'elle avait de nombreux petits-enfants (autrefois les familles étaient très nombreuses): maire granda, renvoyant au sens de «matriarche».



Texte initial en italien :

   Son passati circa due mesi ed il ricordo è diventato vago a tal punto da

non poter affermare neanche se sia stato un sogno o sia realmente accaduto.

Io sono nato ad Apricale un borgo dell’entroterra dell’estremo ponente ligure e lì ho passato la mia fanciullezza e i primi trent’anni della mia vita.

Ora trascorro una vita di tranquillo pensionato a Genova cercando di dedicarmi alle mie passioni. Ogni tanto torno al paesello a trovare parenti

e amici d’un tempo. I miei sogni notturni genovesi sono spesso ambientati

a Apricale e vissuti intensamente, e questa la ragione del mio incipit.

   Elodie Maire l’ho incontrata un pomeriggio in piazza. Insolita presenza

mi sorprese, e mi chiesi chi fosse, cosa ci facesse lì, da dove venisse.

Capii subito che non era una turista ed infatti me la presentarono come “artista”, ok, ma ebbi anche la sensazione che fosse di più e d’altro.

Aveva portato con se sue ceramiche, alte un palmo, piccoli totem

che mi fecero pensare sia a divinità preistoriche che a statuine di un presepe laico e forse femminista. (Più Lucio Fontana che non Alberto Giacometti).

Una loro personalità di indossatrici altezzose (forse le turiste erano loro, portate a cambiar aria a far nuove esperienze conoscere altre donne

e uoghi).

 

Elodie mi parlò di natura, di culto delle acque, di interessi antropologici rivolti al ruolo delle donne. Era molto interessata al paese

e poneva molte domande. Mi impegnai a fornirle risposte da storico locale, stupito dall’interesse che provava: le tradizioni, l’agricoltura, il torrente chiamato Merdanzo (a causa, in passato, della macerazione della canapa tessile e del gran numero di frantoi da olio d’oliva che scaricavano in esso

i residui della lavorazione).

   Io, che non sono un critico d’arte, ho potuto solo osservare che Elodie trova ispirazione in tutto ciò che vive, e per lei tutto ha vita. Un magagliu arrugginito, un sasso, un pezzo di plastica, un legno, un giocattolo rotto,

un fungo essiccato lei riesce a convincerli a conversare con le sue sculture

in terracotta.

   Ad Apricale ha trovato il mondo del Barone Rampante di Italo Calvino (Merdanzo è l’unica citazione geografica non inventata contenuta

nel testo) e si è stupita e meravigliata producendo molto, con originalità

e entusiasmo. Arrivata come un temporale estivo che rinfresca e rinvigorisce la campagna, ha coinvolto il paese aumentandone, con le sue statuine apparentemente taciturne e pensierose, il numero degli abitanti.

 

Elodie/naiade e le sue opere raccontano, a chi le sa ascoltare: ceste di fiori, fasci di foraggio, nuvole di pioggia, canti popolari, pesci e anguille del torrente (a volte secco altre che scrosciante impetuoso), antenati e amori difficili.

Ancora un caso singolare: Maire in apricalese significa “madre” ma veniva usato per indicare la “nonna”, soprattutto quando aveva molti nipoti

(in  passato le famiglie erano molto numerose): maire granda, rimandando a un significato di “matriarca”.

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